18+
Arrive le moment où je dois penser au texte du message d’avertissement du site web de Lubric-à-Brac.
La journée est bien avancée déjà. Je n’ai pas vu le temps passer, peut-être est-ce parce que je travaille avec des épisodes d’Alf en fond sonore?
…
Tiens, une tasse de café refroidi depuis longtemps. Besoin d’une pause.
Je sors gaillardement de mon bureau, manque de m’estropier un pied sur une improbable forteresse de Duplo™. Perdant l’équilibre je glisse sur mon exemplaire des Rois du doom metal, posé là apparemment pour servir de base arrière au pirate et à la fée chargés d’amener des trésors à l’écureuil se trouvant dans l’édifice.
Me voilà reparti vers la cuisine. Écartons d’emblée l’option trop verbeuse:
“Avertissement.
Le contenu que vous souhaitez afficher peut comporter du contenu et des écrits sexuellements explicites, un langage cru et des représentations photographiques de nudité totale pouvant exposer des organes génitaux au repos.
– Je suis mineur dans mon pays de résidence ou peux être choqué par un tel contenu, je clique sur ‘Je m’en vais’.
– Je suis majeur dans mon pays de résidence, j’ai le droit de cliquer sur ‘J’entre’. En cliquant sur ‘J’entre’, j’accepte les conditions générales du site que je confirme avoir lues dans leur intégralité.
| J’entre | Je m’en vais |”
Mai de quoi s’agit-il? Qu’en est-il de ce “contenu sexuellement explicite” déjà censuré sur Facebook? Lubric-à-Brac n’est pas un site web porno tel que … (hein?)
Est-ce quelque chose comme de l’intello-porn?
Du classé X situationniste?
Une approche libertaire de la sexualité?
Une “invitation enthousiasmante, libertaire et libertine à poursuivre la conquête de notre liberté?” (source, 18+)
Oh mon dieu. Ce n’est éventuellement rien de plus que ce que dit l’accroche du site: “Du sexe, mais aussi du cul.”
Ah! Le sexe n’est-il pas l’un des derniers espaces de liberté, intime et donc subversif, à disposition de l’individu? L’expression certes la plus basique mais aussi ultime de son existence d’entité libre?
THX1138, dans le film éponyme de George Lucas, est libéré de sa prison chimique par sa compagne LUH3147. Que font-ils avant tout de cette liberté nouvelle et inconnue? Ecrivent-ils un manifeste politique, fondent-ils une religion? S’interrogent-ils sur l’avenir du service public? Cherchent-ils à libérer leurs pairs toujours prisonniers de ce monde orwellien?
Pas du tout. Ils font l’amour. Peut-être même baisent-ils, jusqu’à ressentir “l’ultime perversion: l’amour.” (source)
Face aux dogmes moraux ou religieux, face aux hérauts du contrôle de masse par la frustration, l’expression de sa propre carnalité est un acte rebelle. C’est effectivement en connaissant ses propres “démons” et en leur commandant — plutôt qu’en les exorcisant — qu’il est donné à chacun d’atteindre une profonde et spirituelle connaissance de soi-même. Ainsi la liberté, ou tout au moins la conscience de sa propre (non-)liberté, passe par l’élévation à un niveau supérieur de conscience. L’élévation passe par l’affirmation charnelle et l’affirmation charnelle par l’auto-responsabilisation face à ses propres actes. N’en déplaise aux chantres de pensées uniques, ascétiques et sacrificielles.
Face à “toute l’inanité de la sexologie médiatique d’aujourd’hui” (source, 18+), ne convient-il pas de perpétuer et défendre (voire de regagner) cette liberté-ci?
…
Soudain surgit la vraie question qui demeure en cet instant: “Me faut-il encore de la caféine? Ou autre chose?”
Trêve de divagations! Je crois en effet que Lubric-à-Brac ce n’est pas du cul, c’est de l’intello-porn.
Donc: Ouf. Je reste clean. Je mérite un single malt.
Alors, pour ce qui est de la communication graphique et de la promotion événementielle, je dois dépasser l’approche Q. Eviter la vulgarité. Je vais donner dans une sorte de minimalisme graphique intellobscène situationniste… attends, ça existe, ça? En tous cas ça claque. (18+)
Bonjour chez vous,
Maximilien, fondateur
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